LA VENGANZA DE SIMÓN TRINO - MÓNICA G. JUÁREZ - incorpore

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MÓNICA G. JUÁREZ

                                                                LA VENGANZA DE SIMÓN TRINO
                                                                      Un cuento flamenco

                                                                LA VENGEANCE DE SIMÓN TRINO
                                                                      Un conte flamenco

                                                                        Traduction de Silfax

                                                                        Relecture de N.C.V.

© Mónica G. Juárez pour La venganza de Simón Trino. Un cuento
flamenco
© incorpore pour la traduction et la présente édition, 2016

incorpore@incorpore.org
www.incorpore.org

Couverture : la despeinada
                                                                         les petits bilingues
ISBN : 979-10-95210-06-1                                                     incorpore
Mónica G. Juárez (Madrid, 1978). Su pasión por la danza
y el teatro surge tempranamente. Se forma y trabaja como
bailarina, orientándose rápidamente hacia el flamenco y la danza
española. Su interés y experiencia se despliega en dos caminos
complementarios: la enseñanza y la práctica del baile. Desde
hace veinte años, combina su trabajo de docente en escuelas,
asociaciones y centros culturales con el ejercicio del baile en
compañías de flamenco, de contemporáneo, de danza teatro y
de ópera. Participa regularmente en performances y eventos          LA VENGANZA DE SIMÓN TRINO
realizados en Barcelona, donde vive desde 2007.                           Un cuento flamenco
Mónica G. Juárez (Madrid, 1978). Sa passion pour la danse et
le théâtre émerge précocement. Elle se forme et travaille en tant   LA VENGEANCE DE SIMÓN TRINO
que danseuse, s’orientant rapidement vers le flamenco et la danse
espagnole. Son intérêt et son expérience se déploient dans deux           Un conte flamenco
directions complémentaires : l’enseignement et la pratique de la
danse. Depuis vingt ans elle combine son travail d’enseignante
dans des écoles, des associations et des centres culturels avec
l’exercice de la danse au sein de compagnies de flamenco, de
danse contemporaine, de danse-théâtre et d’opéra. Elle participe
régulièrement à des performances et des évènements réalisés à
Barcelone, où elle vit depuis 2007.

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Silfax (Toulouse, 1970). Amante de los libros y de los
desconocido, se sumerge en la oscilación, existencial y
lingüística. Oscilación entre Francia y España que lo conduce a
la traducción literaria. El tío Constantino / L’oncle Constantino
(Deerie Sariols, incorpore, 2015) es una des su múltiples
traducciones al francés.

Silfax (Toulouse, 1970). Amoureux des livres et des inconnus,
il s’immerge dans l’oscillation, existentielle et linguistique.
Oscillation entre la France et l’Espagne qui le conduit à la
traduction littéraire. El tío Constantino / L’oncle Constantino
(Deerie Sariols, incorpore, 2015) est une de ses multiples
traductions de l’espagnol vers le français.
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    — La question n’est pas d’entendre les morts                  —No se trata de oír cantar a los muertos
chanter, Manuel, pas du tout. La question est que             Manuel, que no. Se trata de que los muertos cantan
les morts chantent à travers moi...                           a través de mí…
    Voilà ce que me dit Pepe el Salao un matin, le                Esto era lo que me decía Pepe el Salao una ma­
matin suivant et encore le suivant… jusqu’à ce que            ñana, y la siguiente, y la siguiente…, hasta que
je le prenne enfin au sérieux. Non pas parce que              por fin le tomé en serio. No porque yo creyera
je croyais aux histoires de fantômes, mais parce              en historias de fantasmas, sino porque cuando se
que lorsqu’il se mit à chanter il le fit avec une voix        puso a cantar le salió una voz de las entrañas, tal y
venant des entrailles, comme si Manolo Caracol1               como si el mismísimo Manolo Caracol estuviera
lui-même se fut trouvé dans le salon de ma maison.            en el salón de mi casa.
    Pepe el Salao aimait raconter des histoires pour              A Pepe el Salao le gustaba contar historias para
amuser les gens. Parfois, il s’agissait d’histoires réelles   entretener a la gente. A veces eran historias reales
qu’il exagérait, parfois il les inventait du début à la       que él exageraba, a veces se las inventaba desde el
fin. En réalité, ça n’avait pas d’importance. Il nous         principio hasta el final. Poco importaba en realidad.
faisait mourir de rire pendant un bon mo­ment,
                                                              Nos hacía morir de la risa durante mucho rato,
elles étaient si amusantes qu’on préférait croire
                                                              eran tan divertidas que uno prefería creer que eran
qu’elles étaient vraies. C’est pourquoi je cherchais
                                                              ciertas. Por eso buscaba una señal que me indica­
un indice qui mît en évidence la super­cherie, tandis
que je l’écoutais chanter avec cette voix qui n’était         ra dónde estaba la trampa mientras le escuchaba
pas la sienne. Ce qui me faisait vraiment douter,             cantar con esa voz que no era suya. Lo que más
c’était son air préoccupé. Pour la première fois de           me hacía dudar era su cara de preocupación. Pepe
sa vie, Pepe était angoissé.                                  estaba, por primera vez en su vida, angustiado.

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—Bon, Pepe, lui dis-je pour le réconforter, si            —Bueno Pepe —le dije con intención de
ce que tu dis est vrai, alors on a peut-être trouvé la    animarle—, si lo que dices es verdad, a lo mejor
poule aux œufs d’or. Cette nuit même je t’amène           hemos encontrado la gallina de los huevos de oro.
au tablao2 et tu accompagnes ma danse. Avec ta            Esta misma noche te llevo al tablao y me acom­
voix et mes pieds on va faire un meilleur duo que         pañas en el baile. Con tu voz y mis pies vamos a
Camarón y Paco de Lucía3.                                 hacer mejor dúo que Camarón y Paco de Lucía.
    — Ne me cause pas davantage d’ennuis,                     —No me metas en más líos Manuel, que yo lo
Manuel, ce que je veux c’est vivre tranquille, chez       que quiero es vivir tranquilo, en mi casa, con mi
moi, avec ma femme et mes enfants qui courent             mujer y mis niños corriendo alrededor mío —hizo
autour de moi. Il fit une pause pour boire une autre      una pausa para beber otro trago y continuó—. A
gorgée et poursuivit. Que les vivants, les morts et       mí que me dejen en paz los vivos, los muertos y la
leurs putains de mère me laissent tranquille.             madre que los parió.
    — Mais qu’est-ce que tu racontes Pepe, les tiens          —Qué dices Pepe, si los tuyos no te ven el pelo,
ne te voient jamais, tu désespères ta famille qui te      que tienes a tu familia desesperada buscándote por
cherche dans les bars pour savoir si tu es toujours       los bares para ver si sigues vivo.
vivant.                                                       Esperé que me contestara pero en vez de
    Bien loin de la réponse attendue, il ouvrit des       eso abrió los ojos como platos, como si hubiera
yeux comme des soucoupes, comme si ce qu’il               escuchado una revelación. Tuve que seguirle hasta
venait d’entendre était une révélation. J’ai dû le        su casa para saber qué locura se le había metido
suivre chez lui pour savoir quel genre de folie s’était   esta vez en la cabeza.
cette fois emparée de lui.                                    —¡Dichosos los ojos que te ven!
    — Béni soit le Ciel qui t’envoie !                        Julia se alzaba hasta los geranios que adornaban
    Julia s’était hissée à hauteur des géraniums qui      las paredes del patio, dejando caer sobre la espalda
ornaient les murs du patio, de sorte qu’ondoyait          una trenza de pelo negro que ondeaba por debajo
sous sa taille une tresse de cheveux noirs, à hypno­      de su cintura, capaz de hipnotizar al mismísimo
tiser le diable lui-même. Elle parlait à son mari sans    diablo. Le hablaba a su marido sin ni siquiera
même tourner la tête, avec une voix de militaire en       darse la vuelta, con una voz de militar cabreado

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rogne qui faisait de vous, inévitablement, un petit        que hacía que uno se convirtiera inevitablemente
enfant obéissant.                                          en un chiquillo obediente.
    J’étais amoureux de Julia, mais c’était un secret          A mí Julia me tenía enamorado, pero aquello
que je n’avais jamais partagé avec personne par            era un secreto que nunca compartí con nadie por
respect pour Pepe qui était pour moi comme un              respeto a Pepe, que era para mí como un hermano.
frère.                                                         Julia se sentó junto a una mesa de hierro y azu­
    Julia s’assit à une table de fer et d’azulejos. Elle   lejo. Metió las hojas de las flores en una bolsa de
mit les feuilles des plantes fleuries dans une poche       tela rosa, de esas que bordan las viejas para guardar
de tissu rose, comme celles que les vieilles brodent       las barras de pan.
pour conserver les miches de pain.                             —¿Qué vas a hacer con eso? —preguntó Pepe
    — Qu’est-ce que tu vas faire de ça ? lui de­           sentándose en una de las sillas que rodeaban la
manda Pepe, en s’asseyant sur une des chaises qui          mesa.
entouraient la table.                                          —¿Desde cuándo te importa a ti lo que yo haga,
    — Depuis quand tu t’intéresses à ce que je fais,       Pepe? —respondió Julia desafiante.
Pepe ? répondit Julia en le défiant.                           —Desde que te juntas con la loca esa que dices
    — Depuis que tu fréquentes cette folle dont tu         tú que es santa y que no es más que una bruja mala
prétends qu’elle est une sainte et qui n’est en réa­
                                                           leche. ¿Pero qué es lo que me has hecho, Julia?
lité qu’une sorcière de mauvais poil. Mais qu’est-ce
tu m’as fait, Julia ?

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    Il semblerait que deux semaines auparavant,                Parece ser que un par de semanas antes Pepe
Pepe était arrivé chez lui saoul à une heure indue,        había llegado a casa borracho y a deshoras, in­
interrompant ainsi une des séances de spiritisme           terrumpiendo una sesión de espiritismo que se
organisées mensuellement chez une des voisines,            organizaba mensualmente en casa de alguna vecina,
à l’heure où les enfants sont à l’école. Ce matin-         a la hora en que los niños estaban en el colegio.
là, Julia était non seulement l’amphitryon mais            Aquella mañana, Julia no solo era la anfitriona,
de plus elle était en train d’invoquer un membre
                                                           sino que además invocaban a un miembro de su
de sa famille : le grand-père Marcelo. Un homme
                                                           familia: el abuelo Marcelo. Un hombre generoso
généreux et enjôleur, ami des femmes et ennemi de
beaucoup d’hommes, mais respecté de tous grâce à           y zalamero, amigo de las mujeres y enemigo de
la bonne paie qu’il dépensait avec plaisir dans tous       muchos, pero respetado por todos gracias a la bue­
les négoces et les tavernes du village.                    na paga que gastaba gustosamente en todos los
    On ne sait pas par quelle voie Julia apprit que le     comercios y tabernas del pueblo.
grand-père Marcelo avait de l’argent caché quelque             No se sabe por qué boca le llegó a Julia la noticia
part dans la maison où elle vivait. A partir de ce         de que el abuelo Marcelo tenía dinero escondido
jour-là, il n’était pas surprenant de la trouver en        en algún lugar de la casa donde vivía. A raíz de
train de démonter les meubles ou de frapper à petits       ese día, no era raro encontrarla desmontando el
coups le carrelage et les azulejos, au cas où l’un d’eux   mobiliario o dando golpecitos a baldosas y azulejos
sonnerait creux. On savait aussi qu’elle tentait sa        por si alguno sonaba hueco. También se sabía que
chance à l’aide d’incantations de tous types pour          probaba suerte haciendo conjuros de todo tipo para
faire apparaître l’argent, mais sans succès. C’est         que el dinero apareciera, pero nada. Por eso decidió
pourquoi elle décida d’organiser la séance de spiri­       hacer la sesión de espiritismo, para que el abuelo
tisme, pour que le grand-père Marcelo, depuis              Marcelo, desde el más allá, le dijera dónde estaba

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